L’âge des détenus recule d’année en année

Le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi a déclaré que l’âge des détenus rajeunissait chaque année, soulignant la gravité de cette situation. Il a également parlé d’un phénomène de criminalité chez les jeunes filles à Marrakech.
Selon lui, cette donnée indique l’existence d’un problème social qui doit être étudié pour être compris, surtout que ces prisonniers devraient se trouver sur les bancs de l’école.
Alors qu’il s’exprimait mercredi devant les Représentants au sein de la Commission Justice et Législation dans le cadre de l’examen d’un projet de loi relatif à l’organisation et à la gestion des institutions pénitentiaires, le ministre a souligné qu’« un grand nombre de jeunes filles détenues à la prison de Marrakech sont accusées de meurtre » et que « c’est choquant ».
Le ministre de la Justice a souligné la nécessité de procéder à des révisions et des réformes concernant la question des « antécédents », un sujet qui le dérange personnellement. Il a indiqué qu’il fallait se doter d’assez de courage pour s’attaquer à cette question et prendre une décision qui permettrait aux anciens détenus de reprendre le cours de leur vie et de réintégrer la société sans trimballer avec eux un casier judiciaire qui nuit à leurs chances.
Toujours en partageant ses appréciations, le ministre a souligné la nécessité de procéder à des réformes concernant les peines de prison qui devraient être réduites selon lui ou supprimées dans certains cas. Il a ainsi cité l’exemple des détournements de fonds publics à condition que les fonds détournés soient restitués et que l’accusé soit privé à vie de l’accès aux fonctions publiques. Il a également déclaré que les crimes qui ne dépassent pas 5 ans peuvent être exclus de peines d’emprisonnements à condition qu’il y ait une réconciliation, affirmant que ces choses là feront partie des réformes qui devraient être introduites dans les amendements au droit pénal.
Le responsable gouvernemental a par ailleurs indiqué que le gouvernement avait alloué 260 millions de dirhams sur trois ans pour acquérir des voitures spécialement adaptées au transport des détenus lors du processus de transfert judiciaire entre les prisons et les tribunaux, notant que le ministère a pris l’initiative de coordonner le processus entre les autorités compétentes pour connaitre les besoins logistiques et humains selon des normes garantissant la sûreté, la sécurité et la préservation de la dignité humaine.
Au cours de la même réunion, le ministre de la Justice a attiré l’attention sur les souffrances des agents de sécurité à l’intérieur des prisons, soulignant la mauvaise situation financière et les dures conditions de travail avec le manque de ressources humaines.
Il convient de noter que la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion a révélé, dans sa dernière mise à jour des chiffres relatifs à la population carcérale, que le nombre de détenus a atteint, au 7 août de cette année, un total de 100 000 et quatre détenus, à l’heure où la capacité d’accueil des établissements pénitentiaires ne dépasse pas 64 000 et 600 lits.